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Crypto : du chaos à la mine d’or – la révolution Web3 en entreprise

Crypto : du chaos à la mine d’or – la révolution Web3 en entreprise

Dans cet épisode de NeCXt, David reçoit Samir Addamine, fondateur d’Absolute Labs, pour explorer comment le Web3 passe enfin de buzz à impact business concret. Du chaos des premières ICO à l’adoption par les grandes entreprises, découvrez le potentiel caché des consommateurs crypto et pourquoi les marques mondiales commencent déjà à générer un ROI mesurable.

David
Bienvenue dans un nouvel épisode de NeCXt. Aujourd’hui, on plonge dans l’univers du Web3 avec une question essentielle : est-ce que le Web3 est enfin prêt pour une adoption de masse ?

Je m’appelle David, et depuis plus de 15 ans j’accompagne des sociétés du Fortune 500 dans leur transformation digitale. J’ai vu les promesses, les échecs, et les réussites discrètes mais réelles qui changent la donne.

Vous vous souvenez de la folie des ICO en 2017 ? Certains projets promettaient de révolutionner l’énergie dans le désert, d’autres l’IoT… Beaucoup se sont effondrés ou n’ont pas tenu leurs promesses. Mais, pendant ce temps, des entrepreneurs plus discrets construisaient les outils dont se servent aujourd’hui des entreprises comme LVMH, MoonPay ou The Sandbox.

Mon invité aujourd’hui, Samir Addamine, fait partie de ces pionniers. Après avoir vendu sa précédente société de CRM mobile, il a fondé Absolute Labs à San Francisco et inventé le concept de wallet relationship management « un terme qui commence à entrer dans le vocabulaire des directeurs marketing. La vraie question n’est donc plus « est-ce que le Web3 va marcher ? », mais plutôt : « comment vos concurrents l’utilisent-ils déjà pour créer de la valeur ? » Allons voir ça de plus près.

Samir, bienvenue dans NeCXt, je suis ravi de t’avoir avec nous. Pour commencer, peux-tu nous raconter ton parcours, de Paris à la Silicon Valley ?

Samir (01:28)
Merci David, merci pour l’invitation. Ça fait maintenant 11 ans que je suis installé à San Francisco. Absolute Labs, dont on parle aujourd’hui, c’est ma troisième société, lancée fin 2021, début 2022. Mais mon aventure américaine a vraiment commencé en 2014.

À l’époque, avec mon cofondateur, on développait un CRM mobile. Comme tu l’as dit, on galérait à lever des fonds en France. On a donc tenté notre chance dans une compétition de startups à San Francisco… et on a eu la chance de faire partie des gagnants. De retour à Paris, rien n’avait changé côté investisseurs français. Mais les Américains, eux, nous ont rappelés.

Et puis, coup de chance incroyable : l’équipe de Marc Benioff, fondateur et CEO de Salesforce, m’a contacté. Marc voulait me rencontrer. On s’est vus, et il a décidé d’investir. Il est devenu mon tout premier investisseur aux US. Autant dire que ça nous a ouvert beaucoup de portes.

Bref, on est entrés dans la Silicon Valley par la grande porte. J’ai fini par déménager à San Francisco avec ma famille. Mon cofondateur Anthony est parti à Montréal, un autre est resté à Paris. Résultat : dès 2014, on était déjà une startup répartie sur deux continents.

Au début, ça a été difficile : il fallait comprendre comment attaquer le marché américain, comment vendre ici. Mais grâce à de très bons mentors et investisseurs, on a appris. Deux ans plus tard, on bouclait une série A, on accélérait, et Gartner nous classait parmi les leaders du CRM mobile dans son Magic Quadrant.

Aujourd’hui, je suis toujours basé à San Francisco, et c’est ici que j’ai lancé Absolute Labs.

David (03:40)
Parcours impressionnant, bravo ! Très inspirant aussi. Tu parlais de « mindset » américain et de capacité à s’adapter « on y reviendra sûrement. Tu es passé du CRM mobile avec FollowAnalytics à Absolute Labs et au Web3 aujourd’hui. Qu’est-ce qui relie ces deux expériences ? Et surtout, pourquoi avoir choisi de mettre l’accent sur la relation client via les wallets ?

Samir (04:16)
Avec mes cofondateurs, on s’est toujours demandé : comment la relation entre une marque et ses clients allait évoluer ? La technologie change, mais deux choses restent essentielles : la confidentialité et le contrôle des données par l’utilisateur.

Sur mobile, il y a eu le RGPD, puis d’autres régulations comme en Californie. Quand on a découvert la crypto fin 2020, début 2021, on a vu que les wallets, même anonymisés, contiennent des données publiques, et surtout que l’utilisateur garde la main : il choisit de connecter ou non son wallet.

On s’est dit : voilà le futur du marketing. Moi, en tant qu’utilisateur, je décide de partager ou non mon nom, mon email, mais je peux quand même transiger avec toi. Donc pourquoi ne pas intégrer ces données dans un CRM ? C’est comme ça qu’est né le wallet relationship management : un CRM pensé « wallet first ».

Aujourd’hui, il y a 1,3 milliard de wallets créés, dont environ 400 millions actifs. Et ça ne fait que croître. Alors en 2021, on a pris une partie de nos gains en crypto, embauché des développeurs, et on a commencé à construire. On a indexé une douzaine de blockchains, monté notre propre infrastructure, et créé une plateforme complète : CRM, marketing automation, analytics, segmentation, profils enrichis, et engagement multi-canaux (wallet messaging, email, SMS, push, Twitter, etc.).

David (07:01)
Donc tu as repris tes apprentissages du CRM classique pour les appliquer à une nouvelle dimension, celle du wallet. On y reviendra en détail. Mais avant, tu as mentionné « l’ancien temps » du Web3. Il y a eu un premier bull run en 2017, puis la vague de 2021. Aujourd’hui, où en est-on vraiment ? Et dans quelles conditions le Web3 crée-t-il réellement de la valeur concrète pour les entreprises ?

Samir (07:40)
Chez Absolute, notre mission, c’est de faire le pont entre les entreprises Web2 et le Web3. On est convaincus que le Web3 deviendra grand public quand les grandes marques s’y mettront, car elles ont déjà des millions de clients.

En 2021-2022, il y a eu une « première génération » de projets Web3. Beaucoup ont échoué : trop de hype, pas assez de régulation, des arnaques… Pourtant, certaines marques ont investi sérieusement dans la crypto et les NFT. Nous, on travaillait déjà avec elles, car elles avaient besoin d’outils professionnels intégrés à leur stack marketing, comme Salesforce.

Mais sans régulation, et avec l’hiver crypto de 2022-2023, la plupart de ces projets se sont effondrés. On est alors entrés dans une « seconde génération ». Ce qui change, c’est qu’il y a de plus en plus de wallets, donc de plus en plus de consommateurs crypto. On les appelle les crypto-savvy shoppers.

Et c’est là qu’on a convaincu des groupes comme LVMH ou Samsung Next : vos clients ont déjà des wallets. Peut-être 1 à 10 % de votre audience. Pour le savoir, on a installé notre SDK sur leurs sites et applis, qui détecte les visiteurs possédant un wallet. Résultat : sur n’importe quel grand site e-commerce, 1 à 10 % des visiteurs ont un wallet. Et ces clients-là achètent 3 à 5 fois plus, avec un panier moyen 15 à 25 % plus élevé.

On a aussi vu que le paiement en crypto, quand il est bien pensé, peut générer 3 à 11 % de revenus additionnels. Mais il ne faut pas voir ça comme un simple moyen de paiement : c’est aussi une source de données. On appelle ça le crypto payment intelligent : avant la transaction, tu sais qui est ton client, ce qu’il possède, ce qu’il aime ; après, tu peux construire de la fidélisation.

C’est cette deuxième génération qui crée aujourd’hui de la valeur réelle pour les entreprises. Et au-delà des paiements, il y a les stablecoins. Pour les transferts internationaux, ils réduisent drastiquement les coûts. On parle même de Walmart ou Amazon qui réfléchissent à lancer leur propre stablecoin.

David (12:07)
Donc si je résume, pour toi, la vraie valeur c’est la donnée : mieux connaître ses clients, révéler l’invisible, et renforcer la relation avant et après l’achat. Tu as parlé des stablecoins. Mais il y a aussi un autre sujet dont on a beaucoup entendu parler : la traçabilité, le suivi des produits. Est-ce que c’est encore d’actualité ?

Samir (12:49)
Oui, complètement. Il y a beaucoup de projets autour des passeports numériques de produits, par exemple le consortium Aura Blockchain, avec des marques comme LVMH, Prada, Mercedes. En Europe, il y a d’ailleurs une régulation qui pousse vers ça : traçabilité, durabilité, tokenisation des produits.

Mais encore une fois, le paiement crypto reste central. Car contrairement à une carte bancaire, un paiement en wallet ne se limite pas à une transaction : il révèle un profil complet. C’est ça qu’on appelle le paiement intelligent.

David (14:10)
Merci. Ce que j’aime, c’est que tu donnes des KPIs très concrets : panier moyen, fréquence, conversion… et surtout que tu montres que c’est une cible encore largement inexploitée. Parlons maintenant d’Absolute Labs. Si je suis un CMO et que je t’écoute, qu’est-ce que ton wallet relationship management m’apporte que mon CRM classique ne peut pas me donner ?

Samir (14:59)
C’est simple : notre CRM arrive avec 400 millions de profils déjà disponibles. Et dans ton audience, probablement 1 à 10 % de tes clients sont des crypto-savvy shoppers.

Avec juste cinq lignes de code de notre SDK sur ton site ou ton appli, tu peux les activer immédiatement. Tu découvres que ces clients existent, qu’ils ont un fort pouvoir d’achat, et tu peux interagir avec eux via nos outils.

On a même aidé une grande marque de luxe à organiser un drive-to-store : on a identifié une trentaine de clients crypto avec plus de 500 000 dollars en portefeuille, on les a invités en boutique, ils sont venus, ont payé avec leur carte crypto, et ont acheté. La marque a alors réalisé que ce segment existe vraiment, et qu’il correspond à sa clientèle cible.

David (18:08)
Intéressant. Tu dis souvent que votre SDK est très simple à intégrer. Mais côté entreprise, une vraie question c’est : est-ce que ça s’intègre facilement à mon stack existante ? Salesforce, Snowflake, etc. ?

Samir (18:40)
Oui, on a beaucoup travaillé là-dessus. Notre SDK tourne côté client, via Google Tag Manager ou équivalent. Ensuite, on stream les données côté serveur dans Salesforce, Data Cloud, Sales Cloud ou dans des CDP maison, via webhooks. On ne traite aucune donnée personnelle ni PII, juste des signaux de wallets. Donc, c’est vraiment une donnée de plus dans le stack marketing.

David (19:33)
Ok, intégration simple. Et la régulation, alors ? Entre la transparence on-chain, le RGPD en Europe, et MiCA maintenant, comment vous gérez ça ?

Samir (19:51)
On travaille uniquement avec des entreprises, donc on suit toutes les normes de conformité. Les wallets sont publics et anonymisés, on ne garde aucune donnée personnelle ni fonds en dépôt. Nos clients demandent toujours le consentement explicite avant toute utilisation. Donc côté MiCA ou GDPR, tout est clair.

David (20:37)
Très bien. Mais il reste un frein : le mot « Web3 » ou « crypto » fait encore peur. Beaucoup de dirigeants associent ça à des échecs ou à de la spéculation. Comment tu retournes la conversation quand tu parles à un comité de direction sceptique ?

Samir (21:15)
C’est vrai, ça rappelle l’IA il y a quelques années : tout le monde était méfiant, jusqu’à l’arrivée de ChatGPT. On attend le même « moment ChatGPT » pour la crypto. Et je pense qu’il arrive avec les stablecoins et la régulation. Aux US, il y a une loi sur les stablecoins en discussion. En Europe, MiCA est entrée en vigueur fin 2024. Tout ça change radicalement la perception.

Quand une entreprise me dit « nos clients n’ont pas de wallets », je leur réponds : installez mon SDK, et on verra. Dans une grande maison de joaillerie, ils étaient convaincus que leurs clients étaient trop âgés. Trois semaines après Noël, ils ont découvert que 2 % de leur audience avait un wallet, avec un pouvoir d’achat élevé. Et même en payant par carte, ces clients dépensaient plus que les autres. Ça a changé leur regard.

Comme toujours, il y a les adopteurs précoces qui en tirent déjà un avantage compétitif, et les suiveurs qui arriveront plus tard.

David (24:04)
C’est amusant, ça me rappelle le discours des années 2010 : « nos clients sont trop âgés pour être en ligne… pour être sur Facebook… etc. » Et finalement, tout le monde y est venu. Tu as parlé d’IA et de Web3. Si on se projette dans le futur, quels scénarios de convergence « IA, wallets, IoT, smart contracts » pourraient créer un vrai ROI mesurable pour justifier un investissement massif en Web3 ?

Samir (24:51)
Il y a clairement une convergence entre IA et crypto. L’IA aujourd’hui est très centralisée, entre les mains de quelques géants. La blockchain peut apporter de la décentralisation, de la transparence, et un meilleur partage des données. On voit déjà des projets de data centers décentralisés pour l’IA.

Chez Absolute, on travaille aussi sur des agents : scoring, persona AI, shopper agent… Par exemple, un agent e-commerce qui, en connectant ton wallet, comprend tes intérêts crypto et les fait correspondre à ton profil de consommation Web2. Ça permet de personnaliser le parcours d’achat, de mieux qualifier, et d’accélérer la conversion.

David (26:29)
Passionnant. On fera peut-être un autre épisode sur ce sujet de la décentralisation appliquée à l’IA. Pour terminer : si nos auditeurs pouvaient poser demain une seule question stratégique à leur conseil d’administration pour débloquer leur opportunité Web3, ce serait quoi ?

Samir (27:00)
Je poserais deux questions simples :

  1. Combien de consommateurs crypto avons-nous vus sur nos sites ou applis le trimestre dernier ?
  2. Combien de revenus manquons-nous en n’adressant pas ce segment ?

Et peut-être une troisième : combien pourrions-nous économiser sur nos transactions internationales grâce aux stablecoins ?

David (27:41)
Très clair, merci. Et si certains auditeurs testent cette question en réunion de Board, on aimerait bien avoir leur retour.

Samir, merci beaucoup pour cette discussion. Pour conclure, je retiens trois idées fortes :

  1. La révolution Web3 est déjà dans les conseils d’administration. Les entreprises malines comprennent que la relation client est en train de changer.
  2. Le ROI vient de la donnée, pas des tokens. L’analyse des wallets permet une personnalisation inédite et de nouveaux revenus.
  3. Les gagnants ne parlent pas de « transformation Web3 » mais d’intégration progressive, avec des preuves concrètes et mesurables.

Je crois vraiment que le Web3, utilisé intelligemment, n’est pas une mode, mais un avantage compétitif.

Merci encore d’avoir été avec nous, et merci à tous de nous avoir écoutés. Si cet épisode vous a plu, pensez à vous abonner, partager, laisser un commentaire. On se retrouve très vite pour de nouvelles conversations. Et d’ici là, restez curieux, restez en avance, et à bientôt dans NeCXt pour découvrir ce qui vient après en Tech et Leadership.

Samir (29:23)
Merci David, merci à tous.

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